" Préhistoire " du collège des Jésuites de Tours (1635-1762)
A la fin du XVIème siècle, en juillet 1584, mourait à Tours un chanoine de Saint-Martin, Messire Pierre le Moyne qui avait stipulé par testament l’affectation de 1200 écus d’or au soleil, au collège des Jésuites dont il espérait la fondation « dedans dix ans au plus tard » ; mais dix ans plus tard, un arrêt de bannissement ruinait ce projet. Cependant en 1603, Henri IV fonde La Flèche ; les familles, le commerce s’y portent ; Tours s’émeut et veut avoir son collège ; le roi refuse pour ne pas faire tort à sa fondation. En 1625, Bertrand d’Eschaux est Archevêque de Tours, peu favorable jusque-là, il insiste auprès de Louis XIII après une visite de P Coton alors Provincial. Pour apprivoiser l’opinion il fait prêcher dans sa cathédrale par des Jésuites de renom, dont Séguiran ancien confesseur du Roi. Le résultat est médiocre, mais le prélat s’obstine, travaille l’esprit public, agit auprès du Roi qui donne une lettre patente du 30 avril 1632, et convainc le Maire et les Echevins d’accepter l’établissement d’une résidence. Le Père de Lingendes et le Frère Maillard viennent la fonder à la mi-juin, sans succès d’abord ; mais Lingendes s’adresse à Saint Joseph, promet qu’on lui dédiera l’église du nouvel établissement et que sa statue trônera au-dessus du maître autel. Aussitôt tout s’apaise et sans attendre l’ouverture du Collège, cinquante enfants arrivent à la résidence. Malgré l’embarras d’une pareille situation, une unique classe fonctionne avec succès et l’Archevêque poursuit son action ; mais la Compagnie, déjà, craint de faire tort à Poitiers et à La Flèche, veut rattacher Tours à la Province d’Aquitaine. L’Archevêque s’acharne et le Général des Jésuites Mutius Vitelleschi, cède et fournit des Pères de Paris.
Où va-t-on établir le nouveau Collège ? L’hôtel de Beaume, vaste ensemble de bâtiments sans emploi, paraît fournir la meilleure solution, mais le Maire et les Echevins prétendent le réserver à l’usage de la Cour en cas de voyage du Roi. L’archevêque intervient auprès de Louis XIII ; les Jésuites peuvent enfin, le 8 juin 1634 acquérir l’hôtel de Louis de la Trémouille, vicomte de Thouars, Baron de Semblançay Seigneur de la carte de Ballan, au prix de vingt-quatre mille livres et « cent doubles pistoles d’or d’Espagne pour deux chevaux de carrosse que désirait avoir le dit Seigneur ». Il fallait aussi évincer la concurrence du « Collège Royal » tenu par Jehan du Four sur l’emplacement du petit hôpital Saint-Gatien. Du Four, soutient pendant un certain temps la concurrence, accordant lui aussi la gratuité à ses élèves. Il cède enfin, obtenant de la ville 1200 livres de dédommagement.
Le 6 septembre 1635, le Père Etienne Binet Provincial et le Père Jaulin, supérieur du collège, peuvent conclure un accord avec la municipalité. En échange de 1590 livres de rente qu’elle garantit, ils promettent d'assurer par cinq régents l’enseignement des classes latin-grec de la cinquième à la première. Un mois après, le Collège ouvre sur un succès : une rentrée de trois cents élèves externes ; au bout de deux ans ils seront quatre cents. La bienveillance de Monseigneur d’Eschaux ne leur fit jamais défaut et d’ailleurs cette tradition, adoptée par ses successeurs, s’est constituée en faveur du deuxième et du troisième collège jusqu’à nos jours. La distribution des prix était célébrée dans l’archevêché même sous la présidence du prélat qui faisait dresser un théâtre pour la représentation qui la couronnait.
L’influence du Collège dans la ville et la province fut bientôt considérable et telle qu’on était en droit de l’attendre d’une importante maison de la Compagnie de Jésus et d’un personnel parfaitement adapté à sa fonction éducatrice, qui ne bornait pas ses efforts à l’instruction des élèves du Collège, mais avec un zèle vraiment apostolique, répandait l’enseignement religieux dans tous les milieux de la société. On est peu renseigné sur la vie intérieure du Collège qui jouissait probablement du privilège des peuples heureux. Des séances dramatiques ou académiques ponctuaient son histoire à l’occasion des fêtes et s’il y eut parfois quelques aventures désagréables dues à la légèreté des écoliers, les archives municipales n’en font mention qu’une fois en 1692 ; le mail en fut le théâtre. En 1677, le corps professoral augmente de deux « lecteurs » de philosophie, grâce à une rente supplémentaire de sept cents livres. Le Collège prospère et croît en importance jusqu’à compter en 1762, au moment de sa fermeture, huit cents élèves.
Texte d’Emile Roque, ancien élève (1879-1887)
Histoire
1635
Ouverture à Tours d'un Collège par la Compagnie de Jésus. L'établissement croît en importance jusqu'à compter huit cents élèves en 1762 au moment de sa fermeture.
1872
Création de l’externat Saint Grégoire (en hommage à l’évêque de Tours, Saint-Grégoire) par le Père de Ponlevoy, Provincial des Jésuites.
De 1872 à 1920
Le Collège va connaître plusieurs lieux de résidence, rue Jules Simon, rue de la Scellerie, rue Berthelot, Marmoutier, rue Marceau, rue Bernard Palissy…
1920
Installation au 27 de l’avenue de Grammont.
1921
Les grandes classes du collège s’installent quai Paul Bert. “Le petit collège, grâce à sa situation centrale est une précieuse pépinière de jeunes. Le grand collège avec son exposition au midi, ses vastes cours, ses terrasses superposées, réalise l’idéal du collège de campagne à la porte même de la ville”.
1930
Construction du bâtiment “briques” de première division (lycée) et du bâtiment de la grande chapelle donnant sur la cour de troisième division (6ème et 5ème).
1940-1944
Les locaux du 3 quai Paul Bert sont occupés par l’armée allemande qui en fera un hôpital pour ses soldats.
1945
Le collège retrouve le quai Paul Bert où s’installe le grand collège pendant que le petit collège occupe définitivement l’avenue de Grammont.
1949
Les Jésuites quittent le collège Saint Grégoire qui est pris en charge par le corps professoral du petit séminaire, sous la tutelle du diocèse de Tours.
1956
Construction d’un important et nouveau bâtiment destiné à la seconde division (4ème et 3ème).
Saint Grégoire en 1960
1968
Construction d’un gymnase sur la cour de première division (lycée).
1973
Célébration du centenaire du collège Saint Grégoire.
1988
Construction d’un nouveau bâtiment sur la cour de troisième division (6ème et 5ème) doté d’un amphithéâtre.
1990
Reconstruction de l'école élémentaire avec trois classes supplémentaires.
1991-1993
Restructuration et rénovation du bâtiment du lycée avec la création de quatre nouveaux laboratoires.
2008
Construction d’un nouveau bâtiment au lycée comportant 4 classes et un CDI.
2009-2010
Rénovation des classes de 5ème et création d’une salle d’arts plastiques.
2012
140ème anniversaire des collège et lycée Saint Grégoire de Tours.
2013
Ouverture d'une 16ème classe.
2015
Fermeture de l'internat.
Ouverture d'une section européenne en anglais au collège.
Liste des recteurs et supérieurs
D'un blason... à un logo
En 1908, l’établissement crée un écusson, qui représente les institutions et personnages importants de son histoire, “pour la plus grande gloire de Dieu”.
Ecu écarteléAu premier quartier, les armes de l’ancienne Abbaye Bénédictine de Marmoutier (de gueules à quatre fasces d'argent)
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Cet écusson a laissé place aujourd’hui à un autre symbole, le logo de l’Institution, qui exprime les valeurs que nous souhaitons promouvoir: accueillir, éduquer, enseigner et oser. |